Tu ne disparaîtras pas. Pas tout suite du moins. Et certainement pas de ma vie.
D’ailleurs tu t’éparpilles partout sur mon bureau!
À gauche, tu t’ériges en une inoubliable pile de boulot à abattre.
À droite, petit paquet discret, tu me rappelles constamment que j’ai un plan laissé en plan… un nouveau roman qui veut prendre forme.
Ici et là, tu portes à mon attention des mots doux d’enfants (« je t’aime maman »), des « À FAIRE », des images décolorées, mais encore belles.
Mon esprit brouillon trouve sur ta surface lisse tout l’espace nécessaire pour se répandre, s’apaiser, s’OR-GA-NI-SER.
Je te barbouille, je te déchire, je te jette sous les jets d’encre, je te roule, je te plie, je te mâche et te sculpte!, je te recycle…
Impossible d’imaginer mon monde sans toi!
Tu souris… Tu me trouves bien effrontée en ce moment. Cruelle même.
Oui, je t’écris cet hommage en tapant sur les touches de mon clavier. Et mes bons mots pour toi ne reposeront sans doute jamais sur toi.
Que veux-tu: je compose plus aisément de cette façon.
Mais il en va autrement pour la lecture!
À ce chapitre, tu demeures pour moi le support idéal.
Cher papier, j’aime ta matière. J’aime que tu donnes du poids aux mots, que tu concrétises et fixes l’achèvement des idées, des histoires, des souvenirs.
Hier, j’ai lu dans le journal qu’une bibliothèque sans livre ouvrait ses portes… et j’ai tourné la page (pour vrai).
p.s. Cet été, j’ai pris un virage santé et je me suis abonnée à la version papier du Devoir et au magazine Nouveau Projet. Résultat: j’ai l’impression de participer, à ma façon, à la sauvegarde d’une espèce en voie de disparition (i.e. le postier à domicile) + je digère mieux les nouvelles! L’article « Lire sur du papier pour mieux comprendre« de Mélanie Loisel abonde dans le même sens… mais il est préférable d’en faire la lecture en version imprimée pour bien comprendre ( – ;



